En marge de l'actualité
Entre, entretien, entretenir
Plus la ville se répand et s’étend, plus elle produit des délaissés à la fois spatiaux et sociaux. Elle a cessé d’être la figure rassurante qui rassemble et regroupe. Désormais, l’agglomération n’agglomère plus, mais sépare, disperse et relègue. Dans un très beau texte intitulé « La ville de demain, pour quels habitants ? », le philosophe François Jullien avance que l’une des façons de s’en sortir aujourd’hui serait de repenser la ville non plus à partir de l’idée du plein, mais plutôt à partir du vide, de ses marges, de ses écarts et de ses délaissés. Pour François Jullien, il faudrait inventer une pensée à la fois urbaine, aménageuse et sociale de l’entre, qui contrairement à ce que l’on pourrait penser ne sépare pas, mais au contraire « fait tenir comme le suggère le verbe français entretenir. L’entre fait tenir comme une poutre entretient la charpente : elle est entre et elle fait tenir. De même, lors d’un « entretien », c’est bien l’entre qui nous fait communiquer ».
Une pensée de l’entre et de l’entretien, histoire de tenir encore ensemble… aux uns et aux autres.
> Le texte de François Jullien
Lorenzetti, L'allégorie du bon et du mauvais gouvernement,